Sous la petite bruine|Enola

Enola Alice Simmons

Bonjour! Je m'appelle Enola mais mes amis me surnomment Nono, Nola,
Granola. Je suis né(e) à Jacksonville, en Floride le 26/10/1996 et de ce fait j'ai donc 21 ans. Côté coeur, je suis Célibataire, sachant que mon orientation sexuelle est Hétéro. J'appartiens au groupe Kill the DJ. Je suis un personne Amicale, Fêtarde, travailleuse, prête à tout; mais aussi dévouée, Passionnée, optimiste, authentique.

«Mademoiselle l'aventure.

Vous avez posé sans bruit, roulé dans un drap léger un petit ange endormi, un soir d'été. La nuit était claire, et pas un bruit sur le chemin de pierres, sauf peut-être celui de votre souffle, que j'imagine calme, rassurant, pour ce petit amour entre vos bras. Fendant l'air , cette colombe qui vous avait ralentie, vous l'avez posée dans l'ombre avant qu'elle ne vous reprenne, disparaissant aussi discrète que vous étiez arrivée. Comme si tout cela n’avait jamais existé. Pourtant, au petit matin, alors que vous deviez être déjà bien loin , ils ont trouvé ce petit trésor devant les portes de l’orphelinat, avec pour seul bagage, sa couverture, et une lettre griffonnée d'une écriture arrondie, sûre, belle, que j'imagine être la votre. Ils l'ont recueillie, pris soin d'elle comme vous aviez pu le faire avant de prendre cette décision qui, j'imagine a du être difficile, et quelques mois plus tard, après de longs mois de démarches, jugements, et autres décisions, après l'angoisse, les larmes, l'inquiétude après une aussi longue attente qu'a pu être la notre, nous pouvons enfin la serrer dans nos bras, la tenir contre nous. 

Avec elle, commence une nouvelle vie pour. Ma femme et moi avons toujours voulu d'un enfant. Mais malheureusement, la vie avait décidé du contraire pour nous. Jusqu'à ce que cette petite perle arrive dans notre vie, et la voir sourire chaque matin nous remplit de bonheur. 
Cette petite merveille, elle sera née deux fois. La première entre vos hanches, la seconde entre nos bras. Et la force que ça lui donne, c'est l'éclat de la plus robuste et de la plus belle des pierres que l'on ne pourra jamais détruire, une force inégalable, incroyable, la force d'une enfant qui sera plus tard une femme forte,volontaire, courageuse.

Quelles que soient les raisons qui vous aient poussée à faire ce choix, nous ne vous remercierons jamais assez. C'est peut-être égoïste de notre part ? Toujours est-il que la voir grandir jour après jour est le plus beau spectacle auquel il nous aie été donné d'assister. Et au matin de chaque représentation, c'est vers vous que vont toutes nos pensées.

Nous ne savons pas grand chose de vous. Mis à part ce qu'a pu nous dire la directrice de l'orphelinat, ce qui était noté de cette si belle écriture, dans cette lettre retrouvée en même temps que notre fille. Vous êtes à l'âge où l'on s'amuse de tout, de rien, de son corps, et ce petit ange est arrivé comme par magie, au moment où vous vous y attendiez le moins. Je n'ose pas imaginer comment vous avez pu vous sentir à ce moment là. Paniquée ? affolée ? apeurée ? un mélange de tout cela sans doute. Mais dans tous les cas, sachez que je vous crois très courageuse. Vous avez tout mon respect.

Tout cela, je ne veux le dire à personne, à vous seulement. Nous partageons une histoire, celle de cette enfant qui grandit à vue d'oeil, sous le regard bienveillant de ma femme, sous mon regard médusé, amoureux de cette enfant aux traits si fins, aux expressions si marquées, aux yeux verts, profonds couleur de lagon aux eaux claires...

Lorsqu'elle sera en âge de comprendre, nous lui raconterons d'où elle vient. Nous voulons qu'elle sache qu'elle fait partie de cette histoire qui nous unit. Nous lui raconterons l'histoire de cette jeune femme que vous êtes, peut-être insouciante, mais surtout trop jeune pour devenir maman, à un âge où l'on se construit soi même et que l'on découvre le monde et ses merveilles.

Vous êtes sûrement très belle, comme ce petit miroir de vous, qui s'endort contre moi, c'est tout ce que je sais de vous...» 

Je déglutis difficilement, le coeur gros, une larme perle sur mes joues rougies par l'émotion. Cet homme, dont je lis les quelques lignes maladroites... cet homme a adopté cette petite fille que je n'étais pas prête à avoir. Ce n'est pas que je ne la voulais pas. Mais j'avais 18 ans quand c'est arrivé. Et à peine sortie de l'adolescence, j'allais devenir maman, alors que je ne savais pas ce que la vie me réservait. Non, je ne pouvais pas prendre le risque de mettre en enfant en danger, à cause de mon irresponsabilité, trop présente, peut-être même dangereuse.

*A quel moment ça a bien pu foirer ?* cette phrase raisonne dans ma tête, lancinante, cruelle, me fait grincer des dents. remontons un peu plus loin dans le temps...

Originaire de Jacksonville, je passe une enfance heureuse au près de mes deux parents, une enfance tout ce qu'il y a de plus normal. Je n'ai manqué de rien, j'ai été aimée autant qu'une mère et un père peuvent aimer leur enfant, et même plus encore. J'étais destinée à vivre des choses incroyables en leur compagnie, vivre encore avec eux jusqu'à la fin des temps, la question ne se posait pas. Ils m'ont toujours poussée à créer, essayer, foncer, ne pas avoir peur. Et grâce à eux, j'ai trouvé un but, une passion : la danse. Et depuis mon plus jeune âge, je ne cesse de vibrer pour cette passion qui m'anime, me fait vivre, aimer la vie !

Mais un jour, ils ont eu la mauvaise idée de prendre la voiture. Mon père, trop fatigué, a pourtant insisté pour conduire. Quand les pompiers les ont retrouvés, ils étaient toujours dans leur voiture, mais celle-ci avait embrassé un arbre. Ni l'un ni l'autre n'a pu être sauvé. Et complètement anéantie, j'ai été placée chez mon oncle et ma tante. J'avais 15 ans, une douleur immense, et une crise identitaire à régler. Challenge accepted.

Si je me souviens d'une chose, c'est que mon père m'a toujours appris à voir le bon côté des choses, de sourire quoi qu'il arrive. Alors pour ne pas le décevoir, je garde toujours ce sourire collé sur mon visage. Et pour ne pas me laisser abattre, quoi de mieux que de prendre l'air, tout oublier, le temps d'une soirée, s'amuser pour m'accrocher encore un peu plus à cette insouciance que j'aime tant et que la vie a voulu me prendre? 

Bien vite, je m'échappe par la fenêtre de ma chambre, et pars pour de longues virées entre amis où l’alcool coule à flots, les rires gras tombent en averses dans les nuits calmes de la ville, et alors que les gens dorment sur leurs deux oreilles, nous, on fait tout ce qui nous passe par la tête. 

Ce train de vie a été le mien jusqu'à ce que j'apprenne l'arrivée de la petite Maya, cette enfant que je ne pouvais pas garder, en raison de mon jeune âge, et de la carrière de danseuse qui m'attendait. C'est donc ainsi, qu'un mois après sa naissance, sous les conseils de ma tante, qui a toujours été là pour m'aider, j'ai emmené cette petite vers ce que j'espérais être un avenir meilleur pour elle. J'étais perdue,j'avais peur. Et c'est au bord du gouffre que j'ai laissé cette petite aux mains de gens plus compétents que moi. Je voulais qu'elle aie une chance. Alors après avoir échangé quelques mots avec la directrice de la crèche où je la laissais, je repartais comme j'étais venue, encore plus mal et fébrile, prête à exploser à n'importe quel moment. 

Afin qu'elle sache d'où elle vient, j'ai glissé une lettre dans le berceau de la petite, lui racontant cette histoire qui est la mienne, la notre.Et j'ai aussi glissé l'adresse de mes deux amours, ceux qui m'ont toujours aidée, qui ont été patients, compréhensifs, et qui n'ont jamais porté aucun jugement sur moi: mon oncle et ma tante, vous l'aurez compris ! Après tout, peut-être aurait-elle envie de me retrouver, plus tard. Et je n'aurais pas envie qu'elle croie que je me suis débarrassée d'elle parce que je ne l'aimais pas, ou pour je ne sais quelle raison ! c'est d'ailleurs sans doute à travers ce bout de papier, que cet homme à su où me contacter. Aujourd’hui,je suis heureuse pour Maya. Je sais qu'elle grandira aimée et entourée, qu'ils lui offriront peut être ce que je n'aurais pas pu lui donner.

Depuis quelques mois, peu après tout ce chamboulement, j'ai décidé d'emménager à Albuquerque: Je peux enfin me consacrer à nouveau à cet exutoire que j'aime tant, je peux enfin bouger, sentir mon cœur battre, tout oublier, et danser, pour peut-être devenir, qui sait, une véritable professionnelle... En ce qui concerne Maya, qui sait ce que l'avenir nous réserve ?