Frédérique était l’une de ces amies avec qui j’adorais passer du temps. Elle était entrée dans ma vie en tant que décoratrice pour mon casino, et depuis qu’elle avait pénétré dans cette antre de stupre, de luxe, et de jeu, j’avais entrepris de faire connaissance avec la jeune femme.
Ce que j’aimais avec elle ? On ne se prenait pas la tête. Ensemble, on pouvait parler de tout, de rien, et rire de bon coeur autour d’un verre ou d’une bonne assiette … En même temps, il fallait dire ce qui était : la nourriture, ça mettait tout le monde d’accord.
Mais aujourd’hui, ce n’était pas un resto, que je proposais à la demoiselle. Tout simplement une soirée à jouer, au casino. Bien évidemment, tout serait gratuit, c’était là l’avantage que nous aurions sur les clients qui eux, déboursaient à qui mieux mieux leurs économies dans mes machines à sous. Et si à leurs yeux je ne serais qu’un parfait inconnu, le personnel, lui, saurait de quoi il retournerait : il suffisait de les avertir que mon amie était avec moi, pour que les portes du paradis ne s’ouvrent.
Attendant tranquillement la jeune femme sur la terrasse du bar, mon verre de scotch à la main, je regardais le défilé des gens qui passaient devant moi. Il y en avait pour tous les goûts : des femmes très belles, d’autres un peu moins. Des hommes jeunes tentant d’impressionner leur conquête de la soirée, des familles venues fêter un anniversaire, de vieilles dames tentant d’arrondir les fins de mois difficiles que leur offrait la retraite, ou encore… des accros au jeu. Ces derniers me faisaient mal au coeur. Pourtant, il fallait bien dire qu’ils constituaient mon fond de commerce, je ne pouvais pas le nier. Et lorsqu’ils exagéraient, nous n’avions pas d’autre choix que de les virer…
Voyant mon amie arriver, j’ai levé le bras afin qu’elle me voie, tout sourire, avant de me lever et de faire la moitié du chemin pour la rejoindre…